LE CULTE MUSULMAN
Les musulmans suivent tous l’école Makélite et le culte officiel fonctionne dans chaque commune sous la direction d’un Imam qui préside aux prières.
LES MOSQUEES
On compte cinq mosquées publiques à Nemours, à Sidi Amar, à Aïn Kolla, aux Oulâd-Ziri et à El Arkoub.
La mosquée de Nemours : Située sur le boulevard Front de Mer, entre deux immeubles modernes, elle fut construite en 1898 sur un terrain appartenant autrefois à M. Rey, receveur des postes. Ce fonctionnaire qui avait fait construire ce bâtiment à ses frais, le loua pour les besoins du culte musulman à raison de 300 francs par an. En 1902, la commune acheta le terrain et l’immeuble pour la somme de 5.000 francs. 2.000 frs furent versés par le budget de l’État, 1.500 frs par la commune et le solde par quatre Musulmans : MM Bensalah père, Mokhtari Mohammed Bel Hadj de Sidi Amar, Si M’Hammed ben Rahal e Si Ahmed bel Hadj.
Exception faite de la porte d’entrée et de deux petites baies en forme d’arc lancéolé, cet oratoire n’a aucune architecture. Il comprend au rez-de-chaussée une salle de prières mesurant approximativement 7 m. X 5 m., donnant sur une petite cour (carrelée et couverte en tuiles) où existent une fontaine avec un bassin rectangulaire et un cabinet d’aisances.
Dans la salle de prières, on remarque un « minbar » (chaire à prêcher) pour la prière du vendredi, un mih’râb (simple niche blanchie à la chaux comme le reste de la construction) et une horloge de facture moderne. Le sol est entièrement recouvert de nattes en alfa. Éclairage électrique. Au premier étage se trouve une petite salle très étroite où fonctionne habituellement l’école coranique.
Le personnel très réduit, comprend, outre l’Imam, deux « Mueddin » qui appellent les fidèles à la prière, quelques « hazzab » et deux « Kenness » chargés de la propreté et de la garde des lieux. Seul l’imam touche une petite rétribution de la commune. les autres remplissent leur fonction pour « l’Amour de Dieu ».
Depuis 1946, une autre mosquée beaucoup plus spacieuse est en construction sur un terrain communal, en bordure de l’oued Ghazaouanah, près du nouveau pont. Son achèvement ne saurait tarder.
Le premier Imam de la mosquée, qui n’exerça qu’une seule année (1898-1899), s’appelait Hadj Ahmed. Il était originaire de la tribu des Oulad Ali. Il eut pour successeur Ben Amour Mohammed ben Chérif, originaire des Oulâd Ziri. Ce dernier exerça son ministère pendant quarante ans. Décédé en 1940, il fut remplacé par Sid Amar Mohamed ben Guenddouz qui officiait déjà à la prière du milieu du jour (dhor) le vendredi et aux prières des grandes fêtes orthodoxes depuis 1932.
Mosquée de Sidi Amar. Elle est située sur le plateau de Sidi Amar où se trouve le village de ce nom.
Elle comprend :
- Une longue salle de prières (blanchie à la chaux et éclairée à l’électricité) mesurant 13 mètres de longueur, 5m.20 de largeur et 3m.50 de hauteur, couverte par des rondins de thuyas et des planches jointives de ce même bois portant un revêtement extérieur de mortier.
- Une salle d’études pour les tolba, attenante à la salle de prières, et ayant 12 mètres de longueur sur 4 m. 25 de largeur.
- Une petite salle de 6 m. X 4 M. destinée aux jeunes enfants qui suivent l’école coranique.
Dans la cour une citerne construite en 1931. La salle de prières comprend cinq nefs parallèles au petit axe avec une rangée médiane de cinq piliers réunis par des voûtes en forme d’arc légèrement outrepassé. Elle possède un « minbar » ou chaire à prêcher, car on y fait la « khtoba » (prône) le vendredi et un « Mih’râb » qui n’a rien d’artistique. C’est une simple niche creusée dans la muraille, ayant 1 mètre de largeur et 2m.30 de longueur.
Au mur, on remarque deux vieilles horloges, un carillon moderne et quelques petites étagères enluminées. Le sol est recouvert de nattes en alfa. Imam : Boutouba Hadj Amar Ben Khelifa (depuis 1932).
LE CULTE CATHOLIQUE
L’église primitive n’était alors qu’un baraquement en planches, semblable du reste à ceux que le colonel de Montagnac avait fait construire pour les besoins de ses troupes et des divers services militaires.
Elle fut placée sous le patronage de Saint Jean de Matha, fondateur de l’ordre de la très Sainte Trinité pour la rédemption des captifs. On conserve dans la sacristie de Nemours une grande toile, à demi-rongée par le temps, représentant l’apparition dont il fut favorisé en célébrant pour la première fois le Saint Sacrifice de la messe dans la chapelle de l’évêque de Paris qui l’avait ordonné. On croit généralement que Saint Jean de Matha, en se rendant à la rédemption des captifs, parcourut notre région et y laissa des marques de son zèle et de sa commisération pour les malheureux esclaves.
L’église provisoire était située sur l’emplacement occupé actuellement par la vaste « caserne des Douanes », un des plus beaux bâtiments de la ville.
L’EGLISE ACTUELLE
L’église actuelle, placée au centre de la ville, en face de la mer, fut construite en 1865-1867, aux frais de l’État, d’après les plans de M. Viala de Sorbier, architecte en chef du département et sous la direction et la surveillance de M. Hamon, architecte des bâtiments.
Suffisamment grande pour les besoins de la population catholique, l’Église de Nemours, avec le cachet d’architecture romane qu’elle possède, est l’une des plus belles églises élevées à la majesté de Dieu, en Oranie. Elle possède trois nefs soutenus par des piliers en pierre de taille du pays. Les Nemouriens, même les plus indifférents, sont fiers de leur bâtiment consacré au culte.
Deux ans après la pose de la première pierre, l’église de Nemours était achevée. Elle fut livrée aux cérémonies du culte le 14 avril 1867, dimanche des Rameaux.
Jusque-là, l’église ne possédait qu’une modeste cloche. Napoléon III combla cette lacune. Il fit don d’une cloche ayant 0m.77 centimètres de diamètre et pesant 260 kilogrammes. Elle sert actuellement pour tous les offices. Sa sonorité est agréable et très étendue.
LE PRESBYTERE
Le presbytère a été bâti par l’Autorité Militaire, remis au Commissaire civil en 1859, puis à la commune au moment de sa constitution. Depuis 1909, le curé n’en a plus la disposition gratuite. Il l’occupe en vertu d’un bail.
LA CHAPELLE SAINT PIERRE
Une chapelle a été édifiée sur le plateau du Phare (cap des Horizons bleus). Dédiée à Saint Pierre, patron des pêcheurs, elle est due à le pieuse initiative de M. l’abbé Ruzier, curé de Nemours.
L’inauguration et la bénédiction solennelle de ce centre de pèlerinage ont eu lieu le 29 juin 1938, en présence des sardinier, saleurs, patrons pêcheurs et marins et d’un grand concours de la population.
LE CULTE ISRAELITE
Le rite pratiqué à Nemours est le rite espagnol « Séfaradi ».
Les Israélites qui ne peuvent se rendre à la synagogue aux heures où l’on célèbre l’un des trois offices religieux journaliers, récitent les prières chez eux. La majeure partie des Israélites de Nemours vient prier à la synagogue le vendredi soir. Les autres offices ne sont régulièrement suivis que par les personnes âgées et très religieux.
LA SYNAGOGUE
Par un décret du Président de la République Française, en date du 10 mai 1875, il était fait concession gratuite au Consistoire israélite de la province d’Oran, pour être affectée à la synagogue de Nemours, d’une parcelle de terrain d’une contenance d’un are soixante-dix centiares (1a.70 ca) située à l’angle de la rue de la Douane et de la rue de Touent et dépendant du lot n°121 du plan de Nemours.
Telle qu’elle est actuellement, elle mesure environ 10 m. x 10m. = 100m². Les murs sont peints en bleu pâle à la chaux avec un soubassement brun. Elle possède 5 fenêtres et une porte d’entrée en plein cintre sur la rue de Touent. Une entrée spéciale pour les femmes est située dans la rue de la Douane. Cette entrée donne accès dans une enceinte spéciale où se trouvent des sièges qui leur sont réservés.
A gauche, en entrant, on peut voir, encastrée dans le mur, une plaque de marbre portant une inscription hébraïque dont nous donnons ci-après la traduction : La société du dernier devoir a été fondée à Nemours en 1890. Le directeur du Comité était Maklouf Teboul. Le trésorier, Aaron Hacoen, et Judas Levy, le secrétaire, et les assesseurs Abraham Choukroun, Abraham Rouasse, Isaac Attias et Elie Benichou.
Et, en langue française, on peut lire : Société de bienfaisance fondée à Nemours en 1890. Sur une autre plaque est gravée l’inscription suivante : A la mémoire de M. Isaac Attias et de son fils Émile Attias.
L’ameublement se compose d’une vingtaine de bancs de 5 places chacun, d’une chaire carrée, l’Almemor, d’une armoire et d’une horloge. Enfin, 24 lampadaires ou lanternes sont suspendus au plafond. Ces lampadaires, offerts par les fidèles en mémoire des leurs morts, portent des inscriptions.
En 1937, le Conseil d’administration était ainsi composé : président, Benhaïm Léon ; Vice-président, Isaac Bensoussan ; Trésorier, Lévy Joseph ; Secrétaire, Lévy René ; Assesseurs, Benichou Elie.
Liste des rabbins qui se sont succédé à Nemours : Aaron Sebban, Jacob Benzaken, Mimoun Laschkar, Messaoud Bouaziz, Joseph Abou, Abraham Cohen, Salomon Sebban, Iyhia Bouazi, Moïse Bendenoun, Isaac Elmalekh, Abraham Abettan, Mayer Melloul, David Marciano, Haïm Lévy, Messaoud Bénayoun.
Source : Monographie de Francis Llabador