L’élément « pêcheur » comprend des Français d’origine, des naturalisés (d’origine espagnole, italienne, israélite ou musulmane), des Français musulmans et des étrangers. Ces derniers n’entrent que dans une faible part dans la population maritime. Le nombre des inscrits maritimes s’est accru d’une manière assez remarquable au cours des vingt dernières années.
En 1926, on comptait 113 citoyens français, la plupart d’origine espagnole, 200 français musulmans, et 92 étrangers (ces derniers étaient constitués par des sujets italiens venant chaque année pour la saison de la pêche à la sardine, de mars à septembre. En 1939 : 145 citoyens français, 518 musulmans, et 26 étrangers. En 1940 : 133 citoyens français et 565 musulmans. Enfin, en 1946 : 129 Français d’origine, 22 naturalisés, 735 Français musulmans et 10 étrangers environ.
Comme on le voit, le Syndicat de Nemours compte un nombre assez important de musulmans inscrits maritimes, vivant de la pêche saisonnière.
LES BATEAUX DE PECHE
Ils se classent selon leur forme en deux catégories :
Les « lamparos », de type italien, pointus aux deux extrémités, non pontés et mesurant 8 à 9 mètres de longueur. Ce type est en régression et tend à disparaître définitivement.
Les embarcations de type espagnol, dit « Popa mona » de 10 à 11 m. de longueur et de 3 à 3 m.15 de large, pontées ou demi-pontées, pointues à l’avant et arrondies à l’arrière. Ce type d’embarcation qui se généralise de plus en plus, est à préconiser si l’on veut utiliser les grands filets tournants.
Ces différents bateaux de pêche varient, comme jauge, de 1 t.82 à 5 t.5. Les Popa Mon jaugent en moyenne 5t.5. Le plus grand appartenant aux héritiers Pitzini, jauge 8 t.35
Ils sont montés généralement par 8 hommes d’équipage.
MOYENS DE PROPULSION :
Jusqu’en 1920, tous les bateaux « lamparo » étaient à voile et à rames. L’installation des moteurs à essence commence à se propager à partir de 1925, comme l’indique le tableau suivant :
De nos jours, tous les bateaux de pêche sont munis de moteurs à essence de 10 à 30 CV, transformés à l’alcool en 1940 par suite du manque d’essence. Actuellement, ils fonctionnent de nouveau à l’essence.
Les principales marques sont : Baudouin, Couach et Ballot. Notons également que neufs moteurs fonctionnent au mazout : 7 Baudouin et 2 Bollinder.
CHANTIERS DE CONSTRUCTION
Depuis 1946, il existe deux chantiers de constructions de « popa mona ».
ENGINS
En 1926, les engins de pêche utilisés à Nemours étaient :
– filets traînants : tartanon et bouliche
– filets flottants : sardinal, lamparo, trémail, boguière ou empostade. Actuellement, les pêcheurs n’utilisent plus que le « lamparo » et quelquefois seulement le « trémail » ou « l’empostade ».
Les filets employés au cours de l’année 1946 ont été : Lamparos 62 – trémail 1.
Enfin, quelques pêcheurs, et surtout des amateurs, pratiquent la pêche à pied, aux lignes à mains, petits palangres ou palangrottes, etc.
CHALUTS
Les filets traînants (chaluts) fonctionnent de septembre à mars inclus. Actuellement, quatre chalutiers ont leur port d’attache à Nemours : Le Mare Nostrum, le Saint Philippe, l’Africain et le Cap Gros.
LA PECHE AVEC FOYER LUMINEUX (LAMPE A ACETYLENE)
Cette pêche qui se pratique au moyen de bateaux de faible tonnage, dont il a déjà été question, utilise uniquement le filet « lamparo » et une puissante lampe à acétylène qui « concentre le poisson sous ses feux par suite de l’attirance qu’a la lumière sur sa nourriture, le plancton ».
La lampe est portée par une petite barque annexe qui suit le bateau de pêche dans ses déplacements. Cette pêche avec foyer lumineux dite « pêche saisonnière » se pratique généralement d’avril à fin août, pendant les nuits sombres et par temps calme. Elle s’attaque surtout aux poissons tels que sardines, anchois, allaches, etc…
D’après Novella, « ce procédé de pêche toléré à Nemours depuis 1922, a fait disparaître la misère endémique qui A sévi jusque vers 1922 chez les pêcheurs de ce port ; à partir de cette date la disparition ou la raréfaction en poisson bleu nt cessé dans cette région ». (Novella, Considérations A sujet de la pêche à feu dans le quartier d’Oran, in : Bull. Soc. Aquiculture et de pêche de Castiglione, 1929, 2è fasc. P. 110)
En 1939, les 95 bateaux affectés à la pêche « au feu » étaient montés par 753 pêcheurs. En 1946, les 62 embarcations d’un tonnage global de 287 t. 96 comprenaient un effectif de 558 hommes, abstraction faite de 3 marins composant l’équipage de 2 palangriers.
RESULTATS DE LA PECHE AU FEU ET SANS FEU
Une partie du produit de la pêche est consommée sur place ou expédiée sur Nédroma, Lalla-Maghnia ou Tlemcen. La plus grosse partie est « traitée » dans les usines ou ateliers de salaisons de Nemours et transformée en conserves = poisson salée en barils ou bordelaises et en boites de métal soudé.
RESULTATS DE LA PECHE EN FRANCS
Les résultats de la pêche en francs sont consignés dans le tableau ci-après.
Nous tenons à remercier ici les Service de l’Inscription maritime de Nemours, et aussi notre ami Mallem Okacha qui nous ont souvent aidé au cours de nos recherches.
Nous ne terminerons pas ce chapitre sur la pêche et les pêcheurs sans faire mention de l’Ecole d’Apprentissage Maritime créée en 1942 en vue de donner aux jeunes gens des notions d’éducation générale et une instruction technique.
Comprenant une section « Pont » et une section « Pêche », cette école délivre, après un stage de neufs mois, un certificat d’aptitude professionnelle. Le personnel se compose d’un directeur et de trois instructeurs. En 1945, une soixantaine d’élèves suivaient les cours de cet établissement.
Source : Monographie de Francis Llabador
Époque tout simplement bénie