Ils comprennent les monuments commémoratifs des combats de Sidi Brahim (septembre 1845) et de Bab El Assa (novembre 1907) – Monuments commémoratifs du combat de Sidi-Brahim.
a) MONUMENTS COMMEMORATIFS DE LA BATAILLE DE SIDI BRAHIM
Ces monuments marquent les phases successives de cette tragique odyssée. Ils comprennent : la Colonne Montagnac (combat du Kerkour), La Qoubba de Sidi-Brahim (héroïque défense du Marabout) et le Tombeau des Braves (dernier carré des survivants de Sidi-Brahim).
La Colonne Montagnac : sur le sommet d’un monticule connu sous le nom de Rokbat Mezzoudj, un des contreforts de la petite chaîne du Guerbous, à 6 km W. de Sidi Brahim, sur le lieu même où s’est accomplie la dernière phase de la lutte qui a vu tomber Montagnac au milieu de ses soldats (Canal), s’élève le monument funéraire appelé communément : Colonne de Montagnac.
« En février 1846, la Colonne Cavaignac ensevelit les restes des soldats de Montagnac dans un ossuaire et en 1847, la Colonne Cotte éleva à la hâte, sur cet emplacement, un massif en maçonnerie. Ce massif fut remplacé en 1853, grâce au 4ème bataillon des chasseurs à pied, par un monument qu’on appela dès lors Colonne Montagnac. C’était une pyramide de 5 m de haut, portée sur un piédestal quadrangulaire haut de 2m50 auprès duquel on avait accès par trois marches. Il portait sur chacune de ses faces une inscription :
Face Est : Sid Brahim, 23 septembre 1845
Face Nord : Lieutenant-colonel de Montagnac, commandant supérieur
Face Ouest : 3ème bataillon de chasseurs à pied, Froment-Coste, commandant
Face Sud : 2ème Hussards, Gentil de Saint Alphonse, capitaine-commandant
Ce monument fut à peu près complètement détruit par la foudre dans la nuit du 17 au 18 mars 1888, mais il a été réédifié depuis tel qu’il était avant l’accident ». (Azan Sidi Brahim, Paris, 1905 p. 771)
La Qoubba de Sidi Brahim (à 10 km S.W. de Nemours). Ce mausolée, à dôme hémisphérique, mesure environ 4 mètres de côté. L’intérieur est actuellement garni d’une sorte de catafalque recouvert de tapis, de foulards multicolores et d’étendards religieux. D’après M. Guin, ancien interprète principal de la division d’Oran, elle renfermerait les restes de Sidi Brahim El Bedaï, saint homme originaire des Bédéa, un des groupes venus d’Espagne lors de la grande expatriation.
A l’origine, cette Qoubba était entourée d’un mur de pierres sèches, de forme carrée, n’ayant guère plus d’un mètre de hauteur.
Comme on le sait, c’est là que la compagnie de carabiniers du capitaine de Géreaux, du 8ème bataillon de chasseurs à pied, assaillie par les cavaliers d’Abd el Kader, dut se réfugier et soutenir un siège héroïque après la défaite et la mort de Montagnac (combat du Kerkour).
Sur l’une des faces de la Qoubba, on peut lire sur plaque l’inscription suivante :
Sidi Brahim 1845
Hommage du 8ème bataillon de chasseurs
à ses héroïques camardes
Délégation 24 décembre 1898
Cette plaque commémorative fut posée par une délégation du 8ème bataillon de chasseurs venue d’Oran, où elle avait assisté, le 18 décembre 1898, à l’inauguration du monument élevé sur la place d’Armes, à la mémoire des soldats morts à Sidi Brahim.
La Qoubba, classée monument historique par arrêté du 21 février 1911, est aujourd’hui entourée d’une grille de fer placée en 1913, aux frais et par les soins de la Commune mixte de Nédroma.
L’entrée s’ouvre entre deux piliers de maçonnerie. Chaque pilier est décoré d’une sorte d’écu (orné de diverses armes) sur lequel on lit :
A la gloire du
8ème bataillons de chasseurs à pied
Sidi Brahim
23-26 septembre 1845
Un crédit de 11.000 frs fut demandé en 1929 par l’architecte des monuments historiques d’Oran pour réparation du mur de clôture et intérieur des bâtiments. « Restauration désastreuse car le vieux mur de pierres sèches a été démoli et remplacé par un mur à l’européenne, aux joints solidement cimentés ».
LE TOMBEAU DES BRAVES : le premier monument qui marqua pendant plus de cinquante ans l’emplacement où furent ensevelis, le 11 octobre 1845, les restes des carabiniers retrouvés par la Colonne de Lamoricière, était situé dans l’ancien cimetière de Nemours, sur le versant ouest du plateau de Sidi Amar.
C’était un massif de maçonneries en moellons bruts enduits au ciment d’une hauteur totale de 1m70, sur lequel on pouvait lire, autrefois, sur les faces Est et Ouest, une inscription à demi-effacée :
Septembre 1845
De Montagnac lieutenant-colonel
Les phases opposées auraient porté, d’après le capitaine A. Pernot, les noms des officiers du 8ème bataillon et du 2ème hussards tués le 23 septembre 1845, conformément à la décision royale du 17 octobre 1845. (Pernot (A), combats de Sidi Brahim p.45).
Exhumation et translation des ossements des carabiniers dans le « Tombeau des Braves » – Le mercredi 24 mai 1899, les ossements de ces carabiniers durent être exhumés et transférés, au milieu d’une foule immense, dans l’ossuaire du Tombeau des Braves, bâti en1846 par les soldats du génie au pied du village de Oulad Ziri, à 1.800 m de Nemours, sur l’emplacement même où étaient courageusement tombés les derniers survivants de Sidi Brahim.
Le mausolée mesure 6m90 de large sur 4 mètres de haut. Sur une dalle rectangulaire en marbre blanc, scellée dans le pignon, est gravée l’inscription suivante :
« A la mémoire de soldats de la compagnie de carabiniers du 8ème Bataillon de chasseurs d’Orléans et de leurs officiers : MM Géraud, capitaine ; Chapedelaine, lieutenant ; et Rogazetti, chirurgien-major, massacrés dans ce ravin par les Arabes des environs le 26 septembre 1845 ». (les noms sont mal orthographiés : il faut lire de Géreaux, de Chappedelaine, Rosaguti).
Dans le soubassement, sur une plaque de marbre noir, de 3 m de long sur 0m50 de hauteur, est gravée en lettres d’or, l’épitaphe suivante :
« Derniers débris de la Colonne Montagnac et réfugiés au nombre de 79 dans le marabout de Sidi Brahim, ils avaient juré de mourir plutôt que de se rendre. Pendant 3 jours, sans vivres et sans eau, ils repoussèrent les attaques d’Abd el Kader. Puis ayant brûlé leur dernière cartouche, ils se firent jour à travers les Arabes qui les bloquaient. Arrivés à 2 km de Nemours, ils furent assaillis par les Ouled Ziri Tous succombèrent à l’exception de neuf qui purent se réfugier dans la ville ». A l’intérieur du mausolée, on peut lire :
Le 8ème Bataillon de chasseurs
Aux héros de Sidi Brahim
18 Déc. 1898
En réalité, quinze chasseurs et un hussard purent se faire jour jusqu’à la porte de la ville. Deux d’entre eux expirèrent en arrivant de sorte qu’il ne revint à Nemours que 14 hommes, dont le caporal Lavayssière.
En 1898, ce mausolée était encore entouré d’une grille de bois peint, bordé sur tout son pourtour de hauts cyprès. (Canal (J.), Les villes d’Algérie : Nemours (Djemmâa-Ghazaouât). Aujourd’hui, une grille en fer entoure cet ossuaire. Le Tombeau des Braves a été classé monument historique par arrêté ministériel du 21 février 1911.
Avant la construction du « Tombeau des Braves », il existait, au même endroit, un tumulus en maçonnerie surmonté d’une simple croix de bois noir. Alexandre Dumas, qui se trouvait à Nemours le 27 novembre 1846, nous le décrit « comme une espèce de tumulus romain ombragé par des touffes de figuiers et vers lequel on pouvait s’avancer par un chemin dont le pavé formait encadrement ». Il l’appelle le « Tombeau du capitaine de Géreaux ». « Ce tombeau, ou plutôt cet ossuaire, qui enferme, écrivait-il, les restes de Géreaux et de ses compagnons, leur a été élevé par la piété de la garnison de Djemmâa-Ghazaouât ». (Dumas (A.), Le Véloce, ou Tanger, Alger et Tunis, Paris 1849, p. 361)
Nous avons eu la bonne fortune de retrouver le croquis de ce premier monument dû au talent du peintre Louis Boulanger. Nous le reproduisons ci-après avec un extrait d’une lettre inédite d’Alexandre Dumas au Duc d’Orléans, extrait publié en 1935 par le courrier royal (numéro du 10 août).
Ci-dessous, photos d’archives montrant la récupération des cercueils.
LE PALMIER D’ABD EL KADER (à 17 km de Nemours). C’est sous ce palmier qu’Abd el Kader rencontra le général Cavaignac et le colonel Cousin de Montauban à la place du général Lamoricière et qu’ensemble, ils se rendirent à Djemmâa-Ghazaouât où ils retrouvèrent ce dernier et le duc d’Aumale.
« C’est sur le terrain même de sa plus grande victoire, écrivait Azan, que deux ans plus tard, l’Emir Abd el Kader, devait venir se soumettre à la France. Le 23 décembre 1847, il se présentait au bivouac du colonel de Montauban établi près du Marabout de Sidi Brahim, en faisant halte près du palmier isolé qui a conservé son nom. Il rencontrait ensuite Lamoricière et Cavaignac et faisait route avec eux sur Djemmâa-Ghazaouât, qui déjà s’appelait Nemours. C’est dans ce petit port qu’il renouvelait sa soumission au duc d’Aumale, devant la maison même du commandant Montagnac était parti ». (Azan (P.) Sidi Brahim, in Terre d’Afrique illustrée, n° 128, Noël 1928, p 16.)
Ce palmier est aujourd’hui entouré d’une grille et gardé par un habitant. On peut lire, sur une pierre de la base 23 Déc. 1847
NB : L’Emir Abd el Kader ne s’est jamais soumis et n’a jamais fait sa soumission à quiconque. Il avait demandé la cessation des combats sous conditions. Ses conditions avaient été acceptées, mais encore une fois les Français ont trahi leur parole donnée et l’Emir, sa famille et toute sa suite se retrouvèrent prisonniers pendant cinq longues années jusqu’à leur libération par Napoléon III. Mais l’histoire est toujours écrite par les vainqueurs…
La maison de Montagnac : (Pavillon du Commandant d’Armes situé derrière l’église).
C’est dans le petit jardin attenant à cette maison qui fut celle du Lieutenant-Colonel de Montagnac, qu’Abd el Kader se présenta, le 24 décembre 1847, au duc d’Aumale et lui offrit son cheval, n’en ayant plus l’utilité. On rapporte aussi que l’Emir passa sa dernière nuit dans le pavillon avant son départ en captivité (23 ou 24 décembre 1847). Mais s’il est exact que l’Emir fut introduit dans l’une des chambres du pavillon du commandant d’Armes, il paraît peu vraisemblable, par contre, qu’il y passa sa dernière nuit. E. Pellissier de Reynaud (Annales algériennes, tome III, p.304) rapporte en effet qu’après sa présentation publique et officielle au Duc d’Aumale, au cours de laquelle il lui offrit une jument noire, « Abd el Kader retourna à pied dans sa tente ».
Le 26 septembre 1945 fut inaugurée officiellement, au cours des cérémonies émouvantes qui marquèrent le Centenaire du Combat de Sidi Brahim, la plaque de marbre scellée sur la façade de l’immuble et portant l’inscription suivante :
« Le Lieutenant-Colonel Lucien de Montagnac du 15ème Léger, Créaeur et organisateur du poste de Djemmâa-Ghazaouât, situé sur l’emplacement actuelle de Nemours, fit construire cette maison comme poste de commandant et l’occupa des premiers jours d’avril du 21 septembre 1845 avant de partir pour l’expédition au cours de laquelle il fut glorieusement tué ».
« Plaque inaugurée le 29-9-1945
Pour le centenaire de Sidi Brahim »
b) MONUMENTS COMMEMORATIFS DE LA BATAILLE DE BAB EL ASSA
Il commémore le tragique épisode du combat de Bab el Assa qui se déroula le 27 novembre 1907 et au cours duquel le lieutenant Blondin de Saint hilaire, le sergent Poggi et 12 soldats de la 16ème compagnie du 2ème tirailleurs de la garnison de Nemours trouvèrent une mort héroïque en luttant contre les hordes marocaines de la frontière qui menaçaient Nemours.
Dû au statuaire Fulconis, ancien élève de l’École des beaux-Arts de Paris, ce monument repréente un tirailleur au premier temps de la charge. Il fut terminé en septembre 1909 et inauguré officiellement le 9 novembre de la même année en présence des autorités civiles et militaires de la région. Le général Lyautey, alors chef de la division d’Oran et le général Muteau de la subdivision de Tlemcen, assistaient à l’inauguration. Sur le socle de ce monument on peut lire :
Honneur et Patrie
Aux Héros de Bab el Assa
27 novembre 1907
A la base de ce monument, sur une plaque de marbre, est gravée l’inscription suivante :
« Érigé en 1909 par un comité d’initiative
sous la présidence et la direction de M. Georges Llabador »
Chaque année, ce monument est l’objet de pieux pèlerinages de la part des autorités civiles et militaires.
A Bab el Assa, qui se trouve à 3 km500 de la frontière marocaine et à 30 km de Nemours, sur la route de Lalla-Maghnia à Port Say, où se déroula le combat, on peut voir dans une petite vallée, à 1.500 environ au sud de l’usine de crin végétal, une colonne en pierres de taille de 3m,80 de hauteur est élevée à la mémoire du lieutenant Blondin de Saint Hilaire, à l’endroit même où il succomba avec le sergent-fourrier Poggi et ses 12 tirailleurs.
Ces derniers tués au combat du 27 novembre, et les deux légionnaires de la 2ème compagnie du 1er Etranger, tués au combat du 29 novembre 1907, reposent dans un petit cimetière situé près de l’usine de crin végétal, sur une petite colline, à droite de la route se dirigeant vers Port Say.
A l’intérieur de ce cimetière s’élève un monument représentant une qoubba en miniature. Sur sa face Sud est gravée l’inscription suivante :
Près de ce monument reposent douze tirailleurs
De la 16ème Cie du 2ème régiment
Tués à l’ennemi le 27 novembre 1907
Près des tombes des deux légionnaires existe également un petit mausolée sur lequel on peut lire :
Aux légionnaires Laubrot et Assmus
De la 2ème Cie du 1er Étranger
Tués au combat du 29 novembre 1907
Source : Monographie de Francis Llabador
Bonjour,
Félicitations pour votre travail si bien documenté et présenté.
je vais en utiliser des passages pour le mémoire consacré à ma famille maternelle en partie originaire de Nemours.
Avec mes souhaits de paix et de bonne continuation
(une petite cousine de Germain)