LA VILLE AUX DIFFERENTES EPOQUES

Pour décrire les aspects successifs de la ville de Nemours aux différentes époques de son histoire, nous ferons appel, non seulement aux descriptions laissées par les officiers ou les voyageurs, mais encore aux documents, administratifs et cartographiques que nous avons pu trouver.

En janvier 1846, seize mois après l’arrivée des Français, le lieutenant-comte de Castellane, de passage à Djemâa-Ghazaouât, nous en donne la description suivante : « Ce poste magasin est bâti sur le bord même de la mer, à l’embouchure d’une petite rivière (l’oued Ghazaouanah), entre deux falaises escarpées, les ruines de villages (Taount), anciens repaires de pirates. Des baraques de planches, une muraille crénelée (mur d’enceinte, percé de meurtrières et bastionné), court sur le pourtour de la ville sur les crêtes rocheuses qui l’entourent, au Sud et à l’Est), de grands magasins, des cabarets, sur le rivage, quelques barques de pêcheurs, les embarcations de la marine ; en rade, des bricks de transport, parfois un bateau à vapeur de guerre ; au milieu de tout cela des soldats affairés, des cantiniers, et des marchands. Voilà Djema ».

Cet officier ajoute : « Puce-ville était alors le sobriquet de Djema-Rhazaouat (Djemâa-Ghazaouât) ; ce surnom fera comprendre sans peine combien nous avions hâte de nous remettre en marche ». (Comte de Castellane, Souvenirs de la vie militaire en Afrique, 1879).

EN HAUTEUR, LES REMPARTS

En 1848, comme la mer rongeait peu à peu la plage, le Génie militaire dut, pour préserver les baraques que la mer affouillait, exécuter des travaux de défense. Mais les enrochements furent vite enlevés par les tempêtes.

En 1854, dans son « Itinéraire de Tunis à Tanger », Bard écrivait : « Quelle différence entre le Nemours du département de la Seine-et-Marne, couché dans ses souvenirs royaux et à l’ombre de ses vertes promenades et au pied de son château historique, flanqué de tours, et le Nemours de l’Algérie ! Ce dernier est pourtant dominé lui aussi par des ruines d’habitations et des débris de forteresses mauresques couronnant la montagne au Nord-Est de la ville. Nemours ou Djemâa-Ghazaouât, n’est qu’un camp, qu’une esquisse de ville provisoire, qu’un assemblage de cases de bois et de baraques ». (Joseph Bard, l’Algérie en 1854, Itinéraire général de Tunis à Tanger, Paris, MDCCCLIV)

En somme, jusque vers 1855, Nemours méritait bien les sobriquets significatifs de « Puce-ville » et de Plancheville » qu’on lui avait donné, puisque, abstraction faite des bâtiments de la Direction du port, la majeure partie des habitations étaient en bois, sauf la maison de M. Dréveton qui, cependant, avait été construire en pierre.

A partir de cette époque, sa physionomie se modifia quelque peu. Les baraquements commencèrent à faire place à de nombreuses maisons construites en moellons et en pierres de taille. D’après le « Tableau des établissements français en Algérie, (1854,1855 p. 264) », la ville comptait déjà vingt-huit maisons, toutes à trois ou quatre exceptions près, surmontées d’un étage avec terrasse ou grenier.

Il n’est pas inutile de rappeler ici que pendant l’hiver de 1852, quelques habitants, obligés d’abandonner leurs baraques envahies par la mer, sollicitèrent l’autorisation de construire des maisons sur les lots urbains qui leur avaient été promis.

Un plan en couleurs, à l’échelle de 1/1.000è et datant de 1859, nous donne une idée très précise de la topographie ancienne de Nemours quinze ans après l’arrivée des Français. Ce plan très intéressant, dont nous possédons une copie, porte les mentions suivantes : « Administration des bâtiments civils-génie. Dessin joint aux procès-verbaux de remise d’immeubles définitive ou provisoire par le Génie à l’Administration des bâtiments civils, en date du 7 mars 1859 ». C’est le document cartographique le plus ancien que nous connaissions. Aussi, avons-nous jugé utile d’en donner une reproduction en noir.



PLAN DE NEMOURS EN 1859

On y voit les emplacement qu’occupaient les constructions particulières, les baraques militaires en planches, les baraques de l’artillerie, les bâtiments de la marine, les constructions remises à l’Administration des bâtiments civils, soit à titre provisoire, soit à titre définitif. En outre, une légende détaillée nous renseigne sur l’utilisation de toutes ces constructions ou baraques.

A cette époque, comme on peut s’en rendre compte, la ville enserrée de ses fortifications édifiées entre 1844 et 1845, n’avait pas du tout l’aspect qu’elle présente aujourd’hui. Les rues n’avaient pas été encore régulièrement tracées par les officiers du génie. On y retrouve seulement aux mêmes endroits, la place d’Armes (place de l’Église actuelle), la place du Marché avec sa fontaine monumentale, désignée aussi vers 1866 sous le nom « de Place de la Fontaine », et la partie orientale de la rue principale, (rue Gambetta actuelle), allant de la place d’Armes à l’extrémité Est de la ville (portes de Tlemcen).

FONTAINE MONUMENTALE DE LA PLACE DU MARCHE

Les constructions particulières y sont assez peu nombreuses. Elles se trouvent groupées autour des deux places précitées et aussi près de la partie ouest de l’enceinte bastionnée. Le presbytère, notamment, figurait déjà parmi ces constructions anciennes remontant au régime de l’autorité militaire.

NEMOURS VERS 1875

En somme, en 1859, la ville comprenait essentiellement une cinquantaine de baraques militaires en planches, parallèles à la plage, des baraques de l’artillerie, quelques bâtiments de la marine et assez peu de constructions particulières. La ville, il est vrai, ne comptait que 800 habitants environ.

Notons qu’en 1862 une centaine d’arbres, bellombras et acacias, se trouvaient le long des rues et sur les deux places.

BELLOMBRA
ACACIA

Source : Monographie de Francis 

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