NEMOURS – EMBARQUEMENT SUR LA PLAGE
Les moyens de communication avec Nemours, par voie de mer, se sont trouvés particulièrement précaires au début de la conquête, surtout pendant la période allant de 1844 à 1868. De 1844 à 1850, une petite corvette de l’État, le Véloce, ne faisait le voyage sur Nemours que pour assurer, à intervalles irréguliers les transports des munitions, approvisionnement nécessaires aux besoins de l’armée.
Les civils, désireux de s’installer sur ce point de la côte africaine ou y faire des affaire, ne pouvaient se rendre qu’en profitant du voyage d’un voilier venant, à de très rares intervalles, faire quelques opérations commerciales avec cette nouvelle base maritime. C’est le mode de transport qu’utilisèrent les premiers colons pour gagner Nemours.
En 1851, le gouvernement affecta à la ligne Oran-Nemours, et vice-versa, un petit bâtiment de l’État qui assurait un service mensuel dont les civils pouvaient profiter, mais qui offrait de sérieux aléas. En cas de mauvais temps, si la rade était impraticable, le navire retournait sur Oran avec toute sa cargaison et tous ses passagers, et ces derniers étaient obligés d’attendre à Oran le départ du mois suivant sans avoir la certitude de débarquer à Nemours si le temps et la mer rendaient la rade impraticable une fois encore.
Il faut arriver en 1866 pour avoir des services réguliers sur Nemours, effectués par des compagnies de navigation françaises. A cette époque, Nemours fut desservie par un service régulier d’Oran à Cadix, avec escale à Nemours, Malaga, Gibraltar et Tanger, par les bateaux de la Compagnie de Navigation Mixte qui, sur la rade inhospitalière de Nemours éprouvait les mêmes difficultés et les mêmes aléas que les bâtiments de l’état.
NEMOURS- VAPEUR AU PORT
Cette compagnie fut la seule à assurer ce service jusqu’en 1887, date à laquelle Nemours bénéficia de deux services par mer. Le premier était effectué par la « Compagnie de Navigation », tous les 15 jours, départ le samedi à 8h du soir, arrivé à Nemours le dimanche matin ; le second était assuré par la « Compagnie Générale Transatlantique » dont les départs s’effectuaient d’Oran tous les 15 jours, le lundi à minuit pour Nemours où il arrivait le mardi à 11h du matin, après une courte escale à Béni-Saf. En 1893, ce service devint hebdomadaire. En 1896, cette compagnie cessa ce service qui s’était révélé déficitaire et la Compagnie de Navigation resta seule en ligne pour assurer un service hebdomadaire régulier entre Marseille, Oran, Béni-Saf, Nemours et Melilla, Tanger et Gibraltar, alternant avec une escale à Malaga tous les 15 jours.
En 1883, deux armateurs d’Oran, MM Chaber et Castanié et M. Gonzalve de Nemours, établissaient des services côtiers irréguliers entre Oran, Béni-Saf, Nemours et Melilla avec leurs petits vapeurs « Rosario » et « Espoir » qui mettaient 14 à 15 heures pour effectuer le trajet Oran-Nemours.
A cette époque et jusqu’en 1896, l’arrivée du courrier de la Transat ou de la Mixte était annoncée à la population par un coup de canon. De 1896 à 1914, la Compagnie de Navigation Mixte fit chaque semaine un service régulier entre Marseille, Oran, Béni-Saf, Nemours, Melilla, Tanger et Gibraltar.
Pendant la guerre 1914-1918, cette ligne fut supprimée et reprise en 1931 avec des cargos mixtes très modernes.
Le service côtier s’effectua même pendant la guerre (1914-1918) par de petits navires de différentes compagnies secondaires, telles que Michel Mazella, Nicolas Mazella, Scotto Ambrosino et Puglièse. Aujourd’hui ces dernies subsistent sur la ligne Oran-Béni-Saf.
NEMOURS – EMBARQUEMENT DE MARCHANDISES
Les relations de Nemours avec Marseille étaient assurées avant 1939 :
- Par un service régulier à horaire fixe Marseille-Oran-Nemours et vice versa, le vendredi matin de chaque semaine, pour voyageurs et marchandises.
- Par les navires des Compagnies Berengier et Gianoni, France-Navigation et Scotto Ambrosino et Puglièse qui ne venaient qu’à intervalles irréguliers opérer dans le port.
Quant aux relations du port de Nemours avec les ports français de l’Atlantique et de la Mer du Nord, la « Compagnie des Bateaux à Vapeur du Nord », la « Compagnie la Navale de l’Ouest », la « Compagnie des Chargeurs de l’Ouest » en assuraient la régularité.
Enfin, le développement des relations de Nemours avec les pays étrangers avait pris, grâce à la construction du port, des proportions inespérées et des Compagnies telles que la « Compagnie allemande Oldenburg », et la « Compagnie danoise La Fornède » faisant un service régulier bimensuel d’Hambourg et d’Anvers sur Nemours et vice-versa. De nombreux vapeurs anglais, suédois, norvégiens, estoniens, finlandais, italiens, yougoslaves et même turcs, fréquentaient souvent le port, soit pour y débarquer des cargaisons de matériaux de construction ou de la houille, soit aussi pour y prendre des chargements de minerai d’anthracite, d’alfa, de crin végétal, à destination de l’Angleterre, de l’Allemagne et de l’Italie.
Pour compléter cette énumération, nous dirons que le port de Nemours était le plus gros exportateur de salaisons. Chaque année de nombreux petits voiliers battant pavillon italien étaient affrétés par les industriels locaux pour leur apporter d’Italie des barils vides et du sel de Trapani (Sicile) et pour prendre en retour, à destination des ports italiens de la Méditerranée et de l’Adriatique, des chargements complets de sardines et d’anchois salés.
NEMOURS -EMBARQUEMENT DES MINERAIS
Source : Monographie de Francis Llabador