CONTES ET LEGENDES DE TAOUNT

Comme tous les lieux solitaires où existent des ruines anciennes, le plateau de Taount a donné lieu à de nombreuses légendes qui inspirent aux habitants une sorte de crainte superstitieuse.

Ceux-ci prétendent naïvement que la forteresse de Taount aurait été bâtie en une seule nuit par un artifice merveilleux sur l’ordre d’un sultan noir (peut-être s’agit-il du Sultan El Akhal, ou Sultan Noir) qui l’habita le premier.

« Ils croient aussi que la partie de la Mosquée (Djâma. Bou Nour) exposée au couchant a été l’œuvre des génies « rohaniin » ; ces derniers, après avoir laissé les ouvriers travailler aux autres côtés pendant le jour, attendaient la nuit pour accomplir leur tâche, de sorte que chaque matin on trouvait tous les murs à la même hauteur.

Ils sont également convaincus que les sultans, leurs anciens maîtres, ont laissé des trésors considérables enfouis dans des cavernes dont l’entrée est gardée par les mêmes génies. L’accès n’en sera permis qu’aux fidèles croyants auxquels le Seigneur révélera le mot mystérieux de passe, le fameux « Sésame ouvre-toi ».

Un habitant de la région nous a conté cette histoire dont il nous garantit la rigoureuse exactitude. Un jour, il y a bien longtemps de cela, le grand-père de l’un de ses vieux amis poursuivait un renard sur la montagne de Taount. A un moment donné, l’animal entra dans une grotte. En y pénétrant à son tour le chasseur fut extrêmement surpris et effrayé de voir un nègre assis tranquillement sur le sol, devant des monceaux d’or et de bijoux. Aussitôt il remplit ses poches d’or, sous l’œil indifférent du nègre. Mais quand il voulut sortir, l’ouverture de la grotte se ferma comme par enchantement. Il remit alors, sur le sol, ce qu’il avait dérobé et aussitôt, il s’aperçut que l’ouverture était de nouveau béante. Il voulut alors user d’un stratagème. Otant son burnous, il remplit le capuchon de richesses, sortit seul de la grotte, et une fois dehors essaya d’attirer à lui le vêtement. Mais au même moment, la grotte se referma, déchirant en deux le burnous».

Les conteurs, arabes rapportent encore qu’une négresse couverte de vêtements blancs immaculés, de clochettes d’or et de bijoux étincelants, se promène à pas lents, au crépuscule, à travers les décombres de la ville ruinée et solitaire. C’est pourquoi les gens crédules ne s’attardent jamais le soir, dès que le soleil a disparu. Et si par hasard quelque petit berger se laisse surprendre par la nuit il assemble et pousse hâtivement ses quelques moutons ou chèvres aux longs poils soyeux, et presse le pas sans détourner la tête, car il n’a pas. la certitude absolue que, devant lui, ne va pas surgir l’énigmatique et resplendissante négresse dont le regard immobilise et pétrifie, ou les nègres féroces, doués d’une force peu commune, qui précipitent du haut de la montagne dans la mer glauque tous les curieux.

Source : Monographie de Francis Llabador 

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