OCCUPATION ESPAGNOLE

S’il existe des documents historiques se rapportant à l’occupation espagnole sur d’autres points du littoral algérien, comme Mers-el-Kébir (1505), Oran (1509), Honaîn (1531), etc…, il n’en existe malheureusement aucun où il soit question de Taount.

Cependant, s’appuyant sur un bas-relief en calcaire trouvé au mois de septembre 1886, dans une anfractuosité (côté nord) de la montagne de Taount, à 20 mètres environ au-dessus de la mer, M. Canal a cru devoir établir que c’est pendant l’intervalle de 1510 à 1535 que Taount fut occupé par les Espagnols (Canal , note sur une découverte archéologique faite à Nemours, in : Bull. Soc. Géogr. et Archéol. D’Oran, 1887).

Il écrivait en effet, en 1888 : « Les Espagnols, après l’avoir occupé quelques années, à la fin du règne de Ferdinand le Catholique (1510-1535) et au commencement de celui de Charles-Quint, en furent chassés à leur tour par le Turc Baba-Aroudj (nom dont on a fait Barberousse).».

Pendant cette période de l’occupation espagnole, un Gouverneur commandait à Taount et à Honaïn, ses troupes étaient parfois abandonnées sans solde et sans vivres, les pirates turcs traquant sans trêve ni merci, tous les navires qui tentaient de les ravitailler. C’est ainsi que, le 13 mars 1534, le gouverneur écrivait à Charles-Quint : les troupes sont criblées de dettes, pauvres d’argent et dénuées des choses les plus nécessaires à la vie matérielle. Il est dû 18 mois de solde aux gens de cheval ». (Canal, les villes de l’Algérie : Nemours. Extrait de la Revue de l’Afrique Française, Paris Barbier, 1888).

Mais la thèse de Canal a été réfutée. Le Gouverneur auquel il fait allusion s’appelait Don Inigo de Vallejo Pacheco et ce général espagnol, d’après les documents publiés par Elie de la Primaudaie, dans son « Histoire de l’occupation espagnole en Afrique » (1506-1574) était seulement gouverneur de Honaïn. 

Le nom de Taount ne se trouve mentionné nulle part. C’est donc par hypothèse que Canal le donne gouverneur de Taount et de Honaïn, et fait dériver le bas-relief précité, d’un monument funéraire « très probablement consacré, d’après lui, à la mémoire d’un des gouverneurs de la place de Taount, décédé ici, avec sa femme, pendant la durée de l’occupation espagnole ». (ce bas-relief en calcaire porte les têtes de deux défunts (?) mari et femme. Le mari a au cou un ordre en forme de croix pattée : grand cordon de Charles II d’Espagne se terminant par une croix latine (d’après Canal).

D’autre part, la lettre qu’écrivit Don Inigo de Vallejo Pacheco, gouverneur de Honaïn, (et non de Taount) à Charles-Quint, pour l’informer de ce que la garnison manquait de vivres et d’argent dans le termes que rapporte Canal, n‘est pas datée du 13 mars mais du 26 avril 1534.

Somme toute, la question de l’établissement des Espagnols sur le plateau de Taount est encore hypothétique, faute de documents.

En tout état de cause, Honaïn n’étant qu’à une vingtaine de kilomètres à vol d’oiseau de Taount, une partie de la solide garnison de Honaïn a pu parcourir la contrée, soit pour se livrer à des coups de mains ou à des razzias, soit pour lever un impôt.

Cette dernière hypothèse est très plausible. Il existe en effet dans les Béni Ménîr à Oulad Sidhoum, un vieux caroubier dénommé par les habitants le Caroubier des trônes sous lequel, au temps de l’occupation espagnole, le gouverneur venait avec ses officiers et ses soldats pour lever un impôt. (renseignement de Sidi Mohammed Yazit ben Mohammed ben Laredj, secrétaire du Marabout de Sidi Ben Amar de Nédroma – juillet 1931).

Source : Monographie de Francis Llabador

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